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Le drame de Furiani, c’est avant tout des pertes humaines, des personnes meurtries dans leur chair, anéanties pour le reste de leur vie. Mais ce genre de tragédie révèle aussi des conséquences psychologiques sur les personnes présentes ce jour-là, voire sur toute une génération. Didier Grassi, journaliste pour Radio Corse International à l’époque, aujourd’hui à RMC, couvrait le match. Tombé du haut de la tribune, il restera inconscient pendant de longues heures. Fracture du bassin, du coude, traumatisme crânien, ligament du genou arraché, le journaliste paie de sa personne. Muet pendant de nombreuses années sur le sujet, Didier Grassi s’est rendu régulièrement à Furiani pour suivre les matchs du SC Bastia. Honteux d’avoir survécu, il a décidé d’exprimer sa douleur depuis peu. Il se rapproche alors du collectif des victimes pour devenir l’un des symboles du traumatisme psychologique post-catastrophe.

 

Pourquoi ne vous êtes-vous pas exprimé sur le sujet pendant tant d’années ?

Un choc psychologique

Furiani   05/05/92

 Une plaie encore ouverte

Journaliste pour Radio Corse International lors du drame de Furiani, Didier Grassi fait partie des victimes psychologiques.                                                                                                  (© RMC Découverte)

J’ai cherché à comprendre, pourquoi pendant tant de temps, je n’ai pas pu m’exprimer. Pourquoi j’ai eu soudain ce besoin de parler de raconter ce qu’il m’était arrivé, ma souffrance.  En rencontrant des gens qui sont psychologues et autres, on  m’a expliqué que je souffrais du syndrome du survivant. Inconsciemment je culpabilisais de m’en être sorti alors que d’autres y avaient malheureusement laissé la vie. C’est l’explication psychologique que l’on m’a donnée mais elle correspond vraisemblablement à la réalité.

 

Comment situer et analyser la profondeur du traumatisme dans la société corse et française ?

 

En Corse, c’est une tragédie qui concerne 10 % de la population directement, puisqu'il y avait à l’époque 260 000 habitants et le stade contenait 20 000 personnes. Ces chiffres sont impressionnants. Il n’y a pas une famille en Corse qui n’a pas été touchée directement ou indirectement par cette tragédie. Évidemment, ça reste fortement ancré. Tout le monde se souvient en Corse de ce qu’il faisait ce jour-là. À Marseille aussi c’est quelque chose de fort puisque beaucoup de monde de la région a été touché. Au bout de 20 ans, sur le continent, on avait un peu oublié ce qui s’était passé ce jour-là. Il n’y avait pas de commémoration particulière, à part en Corse et à Marseille. C’est la raison de notre combat. Pour que l’État prenne en compte cette tragédie.

Quels souvenirs gardez-vous de ce drame ?

 

Comment avez-vous vécu cet accident ?

 

« J'avais du mal à m'exprimer sur ce sujet »

Didier Grassi n'a rejoint le collectif des victimes de Furiani que tardivement.

« Aucune famille corse

n'a été épargnée »

Didier Grassi a longtemps culpabilisé de s'en être sorti, pendant que d'autres y avaient laissé leur vie.                                    (© Canal+)

© 2014 par Antoine Giannini & Pierre Marsal

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