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Paul Calassi, une vie bouleversée

À son centre de rééduation, Paul Calassi a reçu la visite de trois joueurs ajacciens (Guillermo Ochoa, Johan Cavalli et Benjamin André) le 9 mai 2013.

                                                                                                                                        (© AC Ajaccio)

Ce 5 mai 1992, Paul Calassi s’en souviendra toute sa vie. Depuis plus de vingt ans, ce drame l’accompagne au quotidien dans son fauteuil roulant. Avec dignité et patience, cet homme blessé dans sa chair comme dans son cœur a accepté de revenir sur cet épisode douloureux. Récit d’une journée tragique.

 

« Je vivais à Nice à l’époque. J’étais parti pour l’occasion en avion dans la matinée. C’était une belle journée. Avant le match, on avait même fait la fête à Bastia. Et puis vers 16 heures, nous nous sommes rendus au stade. » De cette journée ensoleillée, Paul Calassi, aujourd'hui paraplégique, garde en mémoire chaque instant. Lui, l’amoureux du football corse, se remémore bien la ferveur présente à Furiani pour ce match, les drapeaux bleus et blancs agités à l’entrée des joueurs et la foule amassée sur cette fameuse tribune nord.

 

« Dans ma tête, mes jambes bougeaient »

« On n’imaginait pas un seul instant le danger. J’étais habitué aux anciennes tribunes, plus petites, moins hautes. Là nous étions surtout impressionnés par la hauteur. C’est ce qui nous rendait mal à l’aise », souffle Paul Calassi. Ce soir-là, il devait être assis en bas de la tribune. À l'endroit où les échafaudages ne se sont pas effondrés. « Il y a eu un système de double billetterie. Et comme c’était bloqué devant, nous avons été obligés d’aller en haut, sur la tribune bancale », confie celui qui a suivi l’épopée européenne de 78 avec Bastia. Vers 20h20, la tribune installée en 24 heures s’écroule. Le temps qu’il s’en rende compte, Paul Calassi est déjà au sol après une violente chute de 17 mètres. « On m’a transporté à travers le terrain sur une planche en bois avant de me transférer à l’hôpital. Je ne me suis réveillé que le lendemain, après un léger coma. J’étais à Marignane. On me demandait de bouger les jambes et, dans ma tête, elles bougeaient. Il m’a fallu un mois pour me rendre compte qu’en réalité, j’avais perdu l’usage de mes deux jambes. »

 

Une décennie sans football

Après l’accident, cet ancien footballeur occulte le ballon rond pendant plus de dix ans. « Je ne regardais même plus le foot à la télévision. Je ne voulais plus en entendre parler. » C’est le temps des combats. « Il a fallu se battre contre les assurances, contre les mauvaises expertises. Si j’étais mort, j’aurais coûté moins cher aux assurances... » Après une décennie passée loin des pelouses, Paul Calassi revient finalement au stade. À Ajaccio. « J’avais été invité par le président de l’époque. Puis je suis retourné à Furiani pour un derby. » Mais plus question d’être en tribune. « Je n’y vais plus. J’ai essayé une seule fois de voir une rencontre dans les travées mais j’ai fait des malaises. Je suis retourné voir des matchs mais à la condition d’être sur le terrain. Je ne supporte plus le fait d'être en hauteur. » Paul Calassi a aujourd’hui 70 ans. Toujours passionné de football et de sa Corse, l’homme avoue tout de même « toujours ressentir quelque chose » lorsqu’il se trouve à Furiani. Un traumatisme à vie. Comme une plaie ouverte.

« Mort, j'aurais coûté moins cher aux assurances... »

Paul Calassi aurait dû être assis en bas de la tribune

Furiani   05/05/92

 Une plaie encore ouverte

Paul Calassi accompagné de Johan Cavalli au stade François-Coty, lors de

AC Ajaccio - OGC Nice le 25 août 2013.                                                                  AC Ajaccio)

© 2014 par Antoine Giannini & Pierre Marsal

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